Chapitre 1

La requête

La vie avait repris son cours dans la grande maison des Kalinovsky, perdue au milieu des Laurentides. C’était enfin le printemps. La neige avait fondu presque partout, et les bourgeons éclataient dans les nombreux arbres de la propriété. Tatiana adorait cette saison. Puisqu’elle était une fée, chaque cellule de son corps participait à ce renouveau. Elle percevait également les sons, les couleurs et les vibrations avec une intensité inconnue de la plupart des mortels.

Alexanne, sa jeune nièce de seize ans, aurait elle aussi pu profiter de cette fascinante reprise de la vie si elle n’avait pas été plongée dans ses études. Puisqu’il n’y avait pas d’école secondaire à Saint-Juillet, elle avait choisi de suivre ses cours par Internet sur son ordinateur. Monsieur Richard avait installé une nouvelle antenne parabolique qui lui procurait un service Internet d’une vitesse acceptable. Rien sûr, Alexanne aurait pu étudier à Québec, comme le taisait son petit copain Matthieu, mais son oncle Alexei refusait de la laisser s’éloigner de la maison depuis le procès du chef de la secte de la montagne. Puisque les sports d’hiver n’intéressaient pas l’adolescente, elle prenait suffisamment d’avance dans ses travaux scolaires, du lundi au vendredi, pour faire ce dont elle avait envie la fin de semaine.

Matthieu était rentré à Saint-Juillet pour le congé de Noël, puis il était reparti à Québec chez sa tante, où il logeait durant l’année scolaire. Il ne reviendrait que pour les vacances d’été. Alexanne ne cessait de penser au plaisir qu’ils auraient ensemble.

Alexei, le troisième pensionnaire de la maison, était tout à coup devenu sédentaire, mais c’était surtout pour veiller sur les femmes de la maison. Grâce à lui, le chef de la communauté fermée de la montagne avait été condamné et emprisonné. Toutefois, un de ses disciples s’était échappé de sa cellule. Frédéric Desjardins avait été l’un des substituts du procureur général de la province, mais il possédait aussi une identité secrète. Dans la secte, il était le Faucheur, celui qui exécutait les hommes et les femmes qui réussissaient à franchir les palissades de la forteresse du Jaguar. Craignant des représailles de sa part sur sa famille, Alexei demeurait vigilant.

Approchant la trentaine, cet être sauvage avait erré toute sa vie et n’avait pris racine nulle part. Il s’était enfui de la maison de ses parents à l’âge de dix ans et avait été recueilli par les adeptes du Jaguar, puis s’était évadé de la secte une dizaine d’années plus tard. Jouant de malchance, en plus d’avoir été atteint de plusieurs balles de fusil, Alexei avait été attaqué par un loup, la morsure de l’animal possédé par le diable l’avait sauvé de la mort. Toutefois, elle l’avait aussi transformé en une créature à mi-chemin entre la bête et l’humain. Pendant des années, le pauvre homme avait bravement résisté aux assauts des forces obscures, s’isolant dans la forêt pour ne pas mordre qui que ce soit. Ce dur combat l’avait rendu solitaire et renfermé, mais lui avait aussi permis d’affiner ses facultés magiques.

L’arrivée d’Alexanne chez Tatiana avait complètement bouleversé sa vie. Grâce à son don pour parler avec les anges, l’adolescente avait réussi à le débarrasser de l’ombre et l’avait incité à reprendre sa place dans la société. Puisqu’il n’était plus obsédé par sa survie, Alexei avait tristement constaté qu’il ne connaissait rien au monde dans lequel il vivait. Encore une fois, Alexanne lui était venue en aide. Elle lui avait enseigné à lire et à écrire, et elle lui avait graduellement fait découvrir l’univers grâce à son ordinateur et à la télévision. En plus de veiller sur Tatiana et Alexanne, Alexei assurait la protection de Danielle Léger, dont il était follement amoureux. La travailleuse sociale s’était réfugiée dans les Laurentides en apprenant que Frédéric Desjardins avait faussé compagnie à ses gardiens. Elle avait de bonnes raisons de le craindre, car il avait tenté de les tuer, Alexei et elle, avant la fin du procès du gourou à Montréal.

Au cours des vies antérieures qu’ils avaient partagées, Alexei n’était jamais arrivé à sauver Danielle de la mort. Cette fois-ci, il ne laisserait rien ni personne lui faire du mal. La jeune femme le suivait maintenant partout, persuadée que Desjardins n’attendait que le moment de frapper de nouveau.

— Il est trop maléfique pour pouvoir s’approcher de la maison d’une fée, lui répétait continuellement Alexei.

— Si tu le connaissais aussi bien que moi, tu saurais qu’il a plus d’un tour dans son sac.

Par ce beau matin de mai, les deux amoureux étaient assis dans la cour, sur une épaisse couverture, près du jardin dont Alexei avait retourné la terre en vue de procéder à la transplantation de ses plantes médicinales. Il écoutait le chant des arbres qui se réveillaient après leur long sommeil hivernal, tandis que Danielle, les bras enroulés autour de la taille de son amant et la tête appuyée entre ses omoplates, se laissait bercer par sa présence rassurante.

— La peur chasse l’amour, murmura Alexei.

— Je t’aime même si je manque de bravoure, répliqua sa belle.

— S’il est intelligent, le procureur se sera enfui dans un pays où la police ne pourra pas le retrouver.

— Si Frédéric avait été intelligent, il n’aurait pas accepté de devenir l’exécuteur du Jaguar. S’il a reçu l’ordre de nous tuer, il ne quittera pas la région avant de s’être acquitté de sa mission. Je le connais mieux que quiconque. Il est très têtu.

— Je ne le laisserai pas s’approcher de toi.

Danielle se mit à sangloter.

— Pourquoi pleures-tu ? s’attrista Alexei en se retournant.

— Je ne sais pas… Ça m’arrive de plus en plus fréquemment, même sans raison.

Il l’étreignit avec force. « Elle a été si souvent victime d’événements tragiques, lors de ses incarnations précédentes, qu’elle ne fait plus confiance au destin », pensa Alexei. Ce n’était pas le cœur de sa belle qu’il devait rassurer, mais son âme, qui avait accumulé trop d’émotions négatives. Si l’homme-loup pouvait les ressentir, il ne savait toutefois pas comment les neutraliser. Tatiana était plus douée que lui dans ce domaine.

Alexei aida Danielle à se lever et replia la couverture, avant de conduire la jeune femme vers la maison. Silencieusement, en n’utilisant que son esprit, il demanda à sa sœur guérisseuse d’intervenir. Lorsqu’ils entrèrent dans la cuisine, Tatiana les y attendait.

— Prendriez-vous du thé avec moi ? demanda la fée avec un sourire apaisant.

— Avec plaisir, se réjouit Danielle.

— Je vais aller ranger la couverture dans la penderie, annonça Alexei.

En réalité, il voulait laisser les deux femmes en tête à tête. Il savait déjà ce que Tatiana dirait à sa compagne de toute façon.

— Vous devez tous penser que je suis une froussarde, se chagrina Danielle en s’assoyant à table.

— Il est tout à fait légitime de craindre le Faucheur, répliqua Tatiana en versant du thé dans une tasse.

Cependant, pour écarter une menace, il faut savoir garder son sang-froid. La peur nous rend vulnérables, Danielle, alors que lamour nous rend forts et confiants.

— C’est parce qu’il n’a peur de rien qu’Alexei est si fort ?

— Sa puissance émane de sa confiance en lui. Il a par contre encore bien du mal à avoir confiance en l’amour.

— Il n’est donc pas invincible…

— Personne ne l’est.

Tatiana serra la main de la jeune femme dans la sienne, en lui transmettant une parcelle de sa force vitale. Tandis que sa sœur calmait les craintes de sa petite amie, Alexei rangea la couverture et s’arrêta à l’entrée du salon. Alexanne travaillait face à son ordinateur. Couché à ses pieds, Yéti, le gros chien noir que la famille gardait en pension, releva la tête.

— Tu peux approcher, Alex, fit l’adolescente sans même se retourner.

— Je ne veux pas te déranger quand tu étudies.

— Tu me déranges bien plus en restant planté dans mon dos.

L’homme-loup s’avança, les yeux rivés sur l’écran, sur lequel s’affichaient des mots et des graphiques. Cette boîte magique contenait des millions de renseignements qu’il ne comprenait pas.

— C’est pour l’école ?

— Ouais, répondit Alexanne. Ce sont des matières que je dois maîtriser pour réussir les examens de secondaire quatre. Je préférerais parler à mes professeurs autrement que par courriel, comme Matthieu peut le faire, mais compte tenu des circonstances…

— Matthieu devrait étudier sur une machine lui aussi, répliqua Alexei en se penchant pour caresser le chien.

— Le procureur Desjardins ne le connaît même pas ! Il ne risque rien à Québec.

— Tu ne devrais pas sous-estimer la portée du mal.

— J’ai vu beaucoup de choses folles depuis que je suis arrivée ici, mais j’ai de la difficulté à croire qu’un homme, aussi brillant soit-il, puisse débarquer à Saint-Juillet et tous nous tuer sans que nous puissions nous défendre.

— Il est fort parce qu’il a vendu son âme au diable.

— Qu’il soit démoniaque ou non, je ne risque rien sous les ailes protectrices de ma tante et de mon oncle, n’est-ce pas ?

— Tant que le Faucheur sera en liberté, nous ne pourrons pas te laisser t’éloigner de la maison.

— Et puisque la police est incapable de mettre la main dessus, je passerai probablement le reste de ma vie enfermée dans cette pièce.

— Christian va capturer le Jaguar et ceux qui l’ont aidé à s’enfuir. Il ne pourra pas recommencer son manège.

— Donc, selon toi, Desjardins a le pouvoir de nous retrouver au milieu de nulle part, mais pas celui de passer à travers les murs ou les barreaux d’une prison ?

— Personne ne peut faire ça, affirma l’homme-loup.

— Même pas toi ?

Il secoua la tête avec un sourire amusé qui fit comprendre à la jeune fille qu’il trouvait l’idée tout à fait ridicule. Soudain, il sentit qu’un visiteur était en train d’emprunter la route qui menait à la maison.

— Qui est-ce ? demanda Alexanne.

— C’est Christian, l’informa son oncle en se dirigeant vers la porte.

Le capitaine Pelletier de la Sûreté du Québec était devenu un ami loyal de la famille. Tout comme le journaliste Sylvain Paré, Christian traitait Alexei comme son égal, même si ce dernier souffrait d’un retard social sur les autres hommes.

Alexei demeura sur la galerie et observa le camion, qui s’était arrêté dans l’entrée. Utilisant ses facultés magiques pour sonder les intentions de son ami policier, il ressentit une grande lassitude et du découragement. « Il n’a donc pas encore retrouvé le procureur Desjardins », comprit l’homme-loup. Christian descendit du camion. Il s’approcha de la maison, les mains dans les poches de son blouson en cuir.

— Tu n’es pas venu pour me parler du Faucheur, lui dit Alexei sans sourciller.

— Je t’en prie, ne lis pas dans mes pensées et laisse-moi plaider ma cause moi-même, insista le policier en grimpant les quelques marches qui donnaient accès à la galerie.

L’homme-loup hocha doucement la tête. Christian passa devant lui et alla s’asseoir sur une berceuse en bois. Alexei prit place dans l’autre et observa le visage de son ami. Celui-ci était inquiet et surtout très fatigué.

— Je suis venu te demander une faveur, déclara finalement Christian. J’aimerais que tu te serves de tes pouvoirs pour me donner un coup de main dans une enquête.

Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas travailler pour la police.

— Et je t’ai promis de ne pas te le demander, je sais, mais cette affaire est tellement grave que j’ai décidé de briser ma promesse. C’était sincère et désespéré. Alexei se leva et fit quelques pas sur la galerie en regardant au loin. Il avait de la difficulté à comprendre la notion de promesse. À quoi cela servait-il de donner sa parole à une autre personne pour la reprendre plus tard ? Mais Christian était son ami. Cela lui donnait-il le droit de briser sa promesse ?

— Pourquoi est-ce une affaire grave ? s’inquiéta Alexei.

— Elle implique des enfants, répondit Christian. L’homme que nous recherchons en a tué au moins dix depuis le début de l’année, et si nous ne l’arrêtons pas bientôt, il continuera à immoler d’autres innocents.

— Et tu n’es pas capable de l’arrêter ?

— Nous ne savons pas qui il est, avoua le policier. Il ne laisse aucun indice sur ses victimes… enfin, le genre d’indice que des humains peuvent déceler, si tu vois ce que je veux dire.

Alexei demeura silencieux un instant, afin de réfléchir à sa participation dans cette enquête. Christian ne le pressa pas. Il savait que le cerveau de son ami fonctionnait plus lentement que celui de la majorité des hommes. Alexei Kalinovsky avait passé toute sa vie en marge de la société. Il ne comprenait donc pas toujours ces concepts.

— C’est important pour toi, que je t’aide ? fit-il finalement.

— Oui, Alex, et ça devrait l’être pour toi aussi, parce que les enfants représentent l’avenir de cette planète. Personne n’a le droit de tuer une autre personne, surtout un petit être sans défense. Ces jeunes victimes étaient âgées de huit à onze ans. Elles ne méritaient pas de mourir entre les mains de ce maniaque.

Christian sortit une enveloppe brune de la poche intérieure de son blouson. Il en retira les photographies des enfants tels qu’on les avait trouvés. Alexei les regarda une par une sans manifester d’émotion.

— Je ne ressens rien avec ces papiers.

— Je parie que tes pouvoirs ne fonctionnent que lorsque tu touches les corps eux-mêmes…

Le policier pouvait difficilement lui apporter un cadavre. De toute façon, les petits avaient été enterrés. Il remercia donc Alexei de lui avoir accordé quelques minutes et remit les documents dans l’enveloppe. Il plongea alors la main dans une autre poche de son blouson et tendit à Alexei la photographie d’un bébé souriant.

— Il a moins de huit ans, constata l’homme-loup.

— Ce n’est pas une victime. C’est Félix, le fils de Sylvain.

— Y a-t-il des criminels qui tuent des bébés ?

Christian hocha la tête avec tristesse.

— Merci d’avoir essayé, Alex.

Déçu, mais encore déterminé, Christian quitta la propriété des Kalinovsky en laissant la photographie de Félix à Alexei. Ce dernier demeura un long moment à observer le visage joufflu du poupon. Sa propre mère avait commencé à le maltraiter alors qu’il n’était pas beaucoup plus vieux que lui, mais au moins, elle n’avait jamais essayé de le tuer.

À présent beaucoup plus calme, Danielle le rejoignit sur la galerie. La guérisseuse avait une fois de plus exercé son effet apaisant sur elle.

— À qui parlais-tu ? voulut savoir la jeune femme.

— Christian. Il voulait que j’utilise mes dons pour retrouver un criminel, mais ça n’a pas fonctionné. Il m’a aussi dit que des gens tuaient de petits enfants et que la police n’arrivait pas toujours à les capturer. Donc, tous les assassins ne sont pas en prison ?

— Non. Mais à mon avis, l’emprisonnement n’est pas la meilleure façon d’enrayer le crime. La véritable solution, ce serait de se préoccuper tout de suite de l’éducation des enfants, pour qu’ils ne deviennent pas des délinquants.

— Comment ?

— En occupant sainement leur esprit et leur corps et en cessant de leur fournir des jeux de plus en plus violents.

— Il leur faudrait tous des mères comme Tatiana, qui auraient le don de voir leur âme.

— Ce serait vraiment épatant, mais la triste réalité, c’est que dans notre société, les parents doivent gagner leur pain quotidien. Ils ne restent donc pas à la maison comme Tatiana. Non seulement leur absence creuse un profond fossé entre eux et leurs enfants, mais elle pousse souvent les enfants à s’identifier à un groupe extérieur qui n’est pas toujours bon pour eux. J’ai travaillé avec beaucoup de jeunes qui se sont sentis trahis et abandonnés par leurs parents et qui ont fini par se tourner vers la criminalité.

— Si un des deux parents restait à la maison, est-ce que ça y changerait quelque chose ? je crois que oui, affirma Danielle, mais il ne faudrait pas que ce parent soit forcé pour autant de vivre dans la pauvreté. Depuis des années, je demande au gouvernement de payer un salaire à l’homme ou à la femme qui demeurerait à la maison pour élever leur famille, car c’est un travail comme un autre.

— Le gouvernement ne t’écoute pas ?

— Non… Il ne se rend pas compte que ce serait une bonne façon de former davantage d’adultes honnêtes et responsables qui n’auraient pas toujours envie de faire du mal aux autres.

— Faudrait-il aussi payer les parents qui sont méchants avec leurs enfants parce qu’ils n’en voulaient pas ? demanda Alexei en pensant à sa propre mère.

— Je crois que la loi devrait être changée, pour les obliger à confier ces enfants à des familles au sein desquelles ils seraient aimés et respectés.

Alexei fronça les sourcils en réfléchissant.

— Si ma mère m’avait donné à une autre famille qui m’aurait aimé et respecté, aurais-je été différent ?

— Je n’ai pas dit ça pour te blesser, Alex, se désola la jeune femme. Et tu es loin d’être un criminel. Personne n’est plus honnête que toi.

— Ma mère a choyé Tatiana et Vlado, et ils sont devenus de bons adultes, alors que moi…

Danielle plaqua ses mains sur les lèvres de son amant pour le faire taire. Ce dernier lui embrassa les doigts, avant de les retirer doucement.

— Je ne suis pas comme tout le monde, précisa-t-il.

— À cause de cet imbécile de Jaguar qui t’a gardé dans l’ignorance. Mais moi, je t’aime comme tu es.

« Elle est si belle, lorsqu’elle se met en tête d’épargner mon amour-propre », songea Alexei. Sa lumière était aussi pure que celle de Tatiana.

— En attendant que les parents puissent rester avec leurs enfants, faudra-t-il continuer à traiter les criminels de la mauvaise façon ? demanda innocemment l’homme-loup.

— Nous n’avons pas le choix…

Alexei comprit alors qu’il était de son devoir d’aider Christian à capturer le tueur d’enfants, jusqu’à ce que le gouvernement donne suite à la requête de Danielle.

 

Le faucheur
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